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​UNDER-GROUND

 

Sound Installation

FIMAV

2014

P.-A. Gauthier & T. St-Pierre

​Underground is a sound installation developed specifically for Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville (FIMAV) 2014. Along the bike ride, people could go through a projection and sound spatialization array consisting of powerful loudspeakers that have been sealed, buried underground, and connected to a system of flexible hoses. These hidden hoses act as acoustic wave guides that make it possible to distribute sound in an invisible apparatus. Beside the underground apparatus, two loudspeakers mounted on tripods and a sound system in a rack case covered with canvas tarps, stands out as sculptural forms.

​​Here is the full version of the text / French only

 

La rencontre des espaces publics et des concerts de musique.

 

Cette installation fut spécialement conçue pour le Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville (FIMAV) et son volet d'installation sonore extérieure. Nous avons considéré deux paramètres importants qui dictèrent la définition du présent projet : la nature publique du lieu, l'espace plat du sol recouvert de verdure et, finalement, la référence musicale qui passe par le simple contexte du FIMAV.

 

Pour exploiter la surface gazonnée et pour faire contraste avec les installations sonores qui montrent littéralement et rendent visible le processus générateur du son, nous avons enterré des haut-parleurs. En plus de l'attrait conceptuel de cette image, les haut-parleurs produisent du son souterrain par le biais d'un réseau de canalisations accordées à un sous-harmonique d'un La 440Hz au La d'un octave plus haut. Le dispositif spatialise automatiquement la trame sonore sur la base de ce filtrage par guides d'ondes acoustiques. De plus, une seconde référence, cette fois à la présentation en spectacle de la musique, fut exploitée via un système PA (Public Address) qui, en apparence hors d'usage, projette une part de la trame sonore composée pour l'occasion.

 

La rencontre de ce filtre chromatique spatialisant avec un contenu sonore plus brut dans la lignée de la musique actuelle, improvisée, free voire noise, nous interpellait aussi pour une raison historique reconnue. En effet, alors que, dans l'histoire, la musique occidentale part d'instruments à notes et de méthodes tonales, puis atonales, vers un spectre de sonorités de plus en plus dense et étendu qui vont au-delà de la grille chromatique du demi-ton, on sait maintenant et pertinemment (Kittler, 1999) que c'est en fait une transition d'une logique des intervalles (seconde, tierce, etc.) vers celle des fréquences. Dans le premier cas, les compositeurs et musiciens travaillent sur la base d'une grille symbolique discrète séparée des bruits de tous les jours, dans le second cas, la vision fréquentielle est telle que c'est le réel, le physique, qui remplace le symbolique (Kittler, 1999, p. 24).

 

Cette transition charnière n'a pu opérer que lorsque l'acoustique est devenue une science et une technique autonomes qui, n’étant plus sous l'hégémonie d'une lutherie musicale harmonique de notes distinctes et de timbre fixés, ont pu directement impacter toute une nouvelle générations de compositeurs et d'explorateurs moins concernés par « une corrélation symbolique entre les intervalles musicaux et les orbites planétaires (l'harmonie des sphères), que par des correspondances dans le réel » (Kittler, 1999). Qui plus est, on admet maintenant que les sciences et protagonistes de l'acoustique, de la psycho-acoustique et de l'ingénierie associée ont, dans un second temps, impacté directement l'avant-garde musicale au début du siècle dernier alors que compositeurs et ingénieures circulent librement entre les centres de recherche et les instituts de musique (Sterne, 2012). C'est cette interaction, voire ce filtre ou cette transaction, entre musique, musiciens, compositeurs, ingénieurs et sciences de l'acoustique que présente « Underground », sous une forme de métaphore via des bruits filtrés par un « instrument » chromatique.

Description physique de l'installation

 

L’œuvre fut réalisée pour le site extérieur prévu à Victoriaville. Afin de s'ancrer et de se dissimuler dans le paysage, l'installation n'est que partiellement visible. La plus grande partie de l'installation est simplement sous terre.

 

Deux gros cabinets de haut-parleurs équipés de haut-parleurs furent fabriqués à partir de knock-down kits. Les cabinets sont traités avec un scellant à bois pour éviter la pénétration de l'eau et de l'humidité. Les interstices sont aussi scellées. Au-dessus du cône du haut-parleur, un second cabinet fut construit. De ces derniers cabinets partent des tuyaux souples de 1 pouce de diamètre et de différentes longueurs. Ces longueurs furent calculées pour introduire des fréquences de résonance fondamentales égales à chacun des douze tons de la gamme chromatique occidentale (Kinsler et al., 2000). Il y a 6 tuyaux par haut-parleur pour un total de douze tuyaux qui couvrent un octave.

 

 

En complément de ce réseau souterrain de distribution et de spatialisation sonores acoustiques, deux haut-parleurs de type PA (Public Address) sont utilisés de façon particulière : disposés sur des trépieds de haut-parleurs standards, ils sont recouverts de bâches industrielles. Ce système de projection sonore est utilisé de façon sporadique et secondaire, c.-à-d. que c'est le système souterrain qui est la principale source sonore. De plus, les PA sont étouffés par les bâches, ils sont utilisés pour, par exemple, créer une fine trame de vrombissements qui fait bruisser le plastique sous les bâches.

Composition et spatialisation sonores

 

Pour Underground, nous avons préparé de 2013 à mai 2014, une composition sonore dense sur un ou deux supports stéréophoniques pour un total de deux ou quatre pistes. Les deux paires de pistes sont jouées en boucle sur le site, mais ne disposent pas de la même durée, de telle sorte que la pièce se renouvelle constamment sur le site. Ainsi la pièce est divisée en deux parties simultanées.

La première partie, pour le système de projection souterrain, est dans son essence très dense et cacophonique. Elle est faite sur la base de montage a posteriori d'improvisations libres en studio avec synthétiseurs modulaires analogiques, processeurs divers, batteries électroniques. L'idée est de créer une masse noise noire de laquelle l'auditeur attentif pourrait entendre quelques bribes musicales masquées qui font souvent référence à la gamme chromatique. Pour cette partie, le contenu sonore est surtout de large-bande, mais avec des moments plus graves et d'autres de tonalités plus hautes. Ce changement de registres est transposé en une spatialisation automatique par le biais de tel ou tel tuyau, qui amplifie telle ou telle fréquence vers telle ou telle position de l'espace, puisque les sorties des tuyaux sont étalées dans l'espace. Il y a donc un lien explicite entre spatialisation et contenu sonores aux références musicales ou tonales.

 

Photo credits: T. St-Pierre and Olivier Courtois

Video credits: T. St-Pierre

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